« A Coeur Ouvert ». Le Père Henry Curty partage sa Vie Missionnaire
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ÑAÑA, Pérou - Juillet 2019. Le père Henri Curty, 83 ans, missionnaire au Pérou depuis une dizaine d’année nous offre un aperçu de sa vie et de son cœur missionnaire.
Père Henry, parle-nous de toi…
C’est toujours difficile de rendre compte, en quelques lignes, de l’engagement d’une vie…je voulais être prêtre, professeur, et infirmier. J’ai réalisé ces 3 rêves, avec la grâce de DIEU… Ordonné prêtre à 27 ans (en 1963), je fus nommé professeur à PELOUSEY, dans le petit séminaire S.M.M., proche de Besançon, Quand j’étais adolescent, j’avais 3 rêves :
Y-a-t-il des confrères ou des évènements qui ont particulaires marqué ton chemin?
Dans l’est de la France, j’ai vécu là-bas 8 ans, avec des confrères montfortains, très sympathiques: JEAN MORINAY, HUBERT BASLAY, ROBERT CHAPOTTE, NOEL COLLAUD, et JEAN ROBERT, mort en avril dernier. Durant la semaine sainte, JEAN ROBERT nous a beaucoup marqués, en introduisant de Nouvelles méthodes éducatives, comme la “ non-directivité “, inspirée de KARL ROGERS, un américain. Il nous a donné aussi l’amour de la musique, en organisant des sessions musicales : MOZART, BACH, BERLIOZ, BEETHOVEN… etc. Puis en 71-72, sur la proposition du PÈRE PROVINCIAL, je vais à LYON, pour une année d’ETUDES SOCIALES (ISSA : INSTITUT des SCIENCES SOCIALES APPLIQUEES…). J’étais avec le Père MICHEL LEMARIÉ et le Père CLAUDE BOICHUT, à la rue St GEORGES, dans le quartier ancien de LYON, près de la FACULTÉ CATHOLIQUE. De septembre 1972 à fin JANVIER 1975, j’ai étudié à LYON pour être infirmier. Ainsi, de février 75 à Juillet 96, j’ai travaillé comme infirmier à l’Hôpital public de “ LA CROIX-ROUSSE “
En exerçant la profession de infirmier tu as été un « prêtre ouvrier ». Pourquoi ?
Il faut se rappeler le contexte français et celui des pays voisins, où pointent déjà la déchristianisation et la sécularisation. Très vite, je prends conscience que pour témoigner quotidiennement de la FOI en JESUS, il faut vivre près des gens (les périphéries…) C’est tellement facile de se “ couper des gens ordinaires … Le travail est un moyen adapté… cf. Jésus, artisan à NAZARETH, St PAUL, tisseur de tentes, CHARLES de FOUCAULT à NAZARETH…. Il y a aussi les apports de VATICAN II et des théologiens, comme CONGAR, THEILLARD de CHARDIN, K. RAHNER, DANIELOU. Comme INFIRMIER, jamais je n’ai ressenti quelque incohérence entre mon travail quotidien auprès des malades et le témoignage vivant de ma foi en JÉSUS-CHRIST : rejoindre le CHRIST. Guérissant les malades, les réconfortant par ses paroles de vie, les “ remettant DEBOUT “ (ressuscités), réconforter les familles dans l’épreuve, dans le deuil, les aider à communier au mystère de la mort et de la résurrection de JÉSUS-CHRIST, à travers l’épreuve de la maladie et de la mort. À la retraite depuis juillet 96, je continue cette mission de visiter les malades, essayant de leur apporter, par le sacrement des malades et la communion, réconfort et consolation, ainsi qu’à leur famille…
Ce n’est qu’à la retraite que tu débarques au Pérou pour continuer ta mission…
En AVRIL 2008, au cours du pèlerinage à LOURDES, le PÈRE Santino BREMBILLA me propose de venir au PÉROU, à ÑAÑA… j’avais alors 72 ans ; certains amis qui me connaissaient bien, me disaient : “ TU ES FOU, HENRI… partir à cet âge !!! JE suis à ÑAÑA depuis le début d’octobre 2008. Chaque année, je reviens quelques semaines, spécialement à LYON où les médecins de l’hôpital de LA CROIX-ROUSSE ont tout “ mon suivi médical “…
Peux-tu nous partager tes joies et tes difficultés ?
JE viens de rentrer de visiter quelques malades, avec 2 dames qui m’accompagnent…. Je suis fatigué mais content… à chaque visite de malade, je fais l’expérience de la Vulnérabilité des personnes malades, et de ma vulnérabilité, de mes faiblesses et limites. “ LE VERBE, la PAROLE s’est fait CHAIR, vulnérable “… Je pense à JEAN VANIER : ami des handicapés. CONTINUER en EGLISE avec d’autres MONTFORTAINS ma mission auprès des malades. Rencontrer les gens de ÑAÑA et des environs, me remplit de JOIE. LA vie communautaire n’est pas facile tous les jours. Chacun a son tempérament, ses défauts, ses qualités, son histoire personnelle. Ce qui me motive surtout, c’est la visite des malades en leur apportant soutien, réconfort. Je me sens bien disciple du PÈRE de MONTFORT, qui avait un grand souci des malades, et surtout disciple de JESUS-CHRIST, qui avait compassion des gens “ fatigados y abatidos, ovejas sin pastor…”, et pour qui les malades étaient son” trésor, ses préférés “.
Quant aux difficultés, je connaissais un peu l’espagnol… mais il faut des années pour bien posséder une langue, avec toutes ses nuances : apprendre à 10-12 ans, c’est plus facile… MA SOUFFRANCE, c’est souvent de passer un repas sans pouvoir comprendre, sans pouvoir échanger et bien communiquer, avec les confrères. Et aussi ne pas comprendre les” blagues “, les plaisanteries. On se sent comme” exclus “. Habituellement j’assume assez bien, mais d’autres fois, je supporte mal cette situation. J’essaie d’assumer, comme je peux, en pensant aux nombreux étrangers qui vivent en EUROPE et possédant mal la langue du pays…
Un message aux jeunes qui s’engagent sur le CHEMIN du CHRIST.
POUR MOI, JÉSUS-CHRIST “ me fatigue “toujours…en portant sa croix tous les jours…. Mais, JÉSUS–CHRIST “ me fascine toujours “. Il faut lutter tous les jours pour VOIR DIEU FACE à FACE (cf. le COMBAT de JACOB…), surtout voir DIEU dans nos FRÈRES QUI SOUFFRENT : LUTTER chaque jour, pour éviter la “ cléricalisation “, qui risque toujours de nous enfermer sur nous-mêmes, entre curés. L’ ÉVANGILE, c’est d’abord une personne, JÉSUS de NAZARETH, non une doctrine, une morale ou une religion…), et cet HOMME-LÀ, ce DIEU FAT CHAIR, je LE trouve partout, il est avec moi, il m’accompagne chaque jour, à ÑAÑA, comme en FRANCE ou ailleurs…
SMM Communications
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