Communauté Schimmert 2.0

SCHIMMERT, Pays-Bas -Trois jeunes confrères indonésiens sont en train de créer une nouvelle communauté à Schimmert, un lieu historique de la présence montfortaine aux Pays-Bas. Dans la newsletter "Wijtzer", ils ont donné cette interview sur les premiers pas de la nouvelle communauté qu'ils aiment appeler "Schimmert 2.0".

Je dois être honnête, je n'ai pas beaucoup d'expérience dans la vie en petite communauté. Pendant ma formation, j'ai vécu dans de grandes communautés, comme le noviciat et le grand séminaire. Je suis né dans une grande famille et je suis habitué à vivre avec beaucoup de gens.

Plus la communauté est petite, plus la difficulté est grande. C’est comme un petit navire naviguant au milieu de l'océan. Il n'est pas facile pour un petit navire de faire face à de fortes courants, des vents violents et un temps changeant. Pour y parvenir, une équipe solide est nécessaire. Une équipe qui soit communicative et qui sache collaborer pour que le navire reste équilibré. Je pense que ce sont les valeurs nécessaires pour construire une communauté. Et nous devons reconnaître que ce n’est pas facile. Pourquoi ? Parce que chaque personne a des caractéristiques et des personnalités différentes. Ce caractère ou ces traits émergeront lorsque la tempête arrivera. Une personne révélera son authenticité lorsque des défis et des problèmes surviendront. Mais pour moi, c’est quelque chose pour lequel être reconnaissant, car à ce moment-là, j'apprends à connaître la personne qui se trouve sur le bateau avec moi. Reconnaître cela signifie beaucoup pour moi, car cela influence la façon dont je parle aux gens et m'approche d'eux. En même temps, je me rends compte que je dois lâcher prise sur mon ego et mes plaisirs personnels et me rappeler quel est l'objectif de la vie en communauté.

Un de mes directeurs spirituels m'a dit un jour : "Si tu n'es pas prêt à vivre en communauté, ne cherche pas à être montfortain." En fait, il me rappelle que l'aspect communautaire de la vie a la priorité, pas l'aspect personnel. C’est ce que Montfort voulait dire lorsqu’il priait pour que Dieu envoie des missionnaires libres. Être libre ne signifie pas seulement quitter la famille et les relations spéciales. Au contraire, être libre signifie être une personne ouverte. Une personne qui ne joue pas avec ses pensées et ses sentiments, mais une personne qui ose entrer en communauté pour un objectif commun. Je pense que cela implique aussi un engagement partagé dans la vie familiale. Les familles se divisent si elles sont égoïstes. Il en va de même pour la vie en communauté. Je me rends compte que ces choses sont un défi pour moi. Il n'existe pas de communauté parfaite. Si l’on me demandait si je grandis dans la vie communautaire, je répondrais : oui, je grandis. Pour moi, tout ce qui se passe dans la communauté montre la croissance et le changement. Quelles sont ces croissances et changements ? Premièrement, j'ai appris à être indépendant et responsable dans mes décisions quotidiennes. Deuxièmement, je suis devenu plus créatif. Troisièmement, j'ai appris à mieux connaître mes confrères. Quatrièmement, j'ai appris à bien réagir aux problèmes et à les gérer tout en montrant qui je suis et quels sont mes principes de vie. Jusqu'à présent, je suis heureux de mes choix de vie. Devenir prêtre a été mon rêve depuis l'enfance, et devenir montfortain est un choix que j'ai fait consciemment.

En plus du ministère paroissial, nous avons reçu une mission importante de la Congrégation : poursuivre l'œuvre missionnaire montfortaine. Cela doit rester avant tout inspiré par la spiritualité et les lignes directrices du Chapitre Général, tout en répondant aux besoins de l'Église et de la communauté locale. De cette manière, la présence des Montfortains aux Pays-Bas reste pertinente. Cela a été à nouveau confirmé lors de la conversation avec le Conseil Général lors de leur visite en juillet dernier. Je dois être honnête, l'exécution de cette mission n'est pas facile et le restera, car nous devons chercher et trouver nous-mêmes les nouvelles formes d'œuvre missionnaire, en essayant et en réessayant. Nous sommes confrontés à une société sécularisée dans laquelle la foi n'est plus évidente. En même temps, la sécularisation représente aussi une opportunité, où nous sommes de plus en plus poussés à être créatifs et à chercher continuellement de nouvelles façons d'apporter la foi aux personnes d'aujourd'hui. Penser, chercher, planifier, exécuter et évaluer, cela me plaît. Il semble qu'il y ait une tension agréable entre l'incertitude et la confiance, bien que ce ne soit pas facile. Cela rend de plus en plus évident que ce n'est pas mon travail personnel, ni celui de la Congrégation seule, mais l'œuvre même de Dieu.

Le déménagement des confrères plus âgés a marqué pour nous le début d'une mise en œuvre progressive de cette mission. En plus d'utiliser le couvent de Schimmert comme résidence, nous l’avons également mis à disposition pour diverses activités. De nouvelles initiatives, telles que le groupe de jeunes, les rencontres thématiques, "Le chemin vers Pâques" et la célébration de Taizé, ont déjà eu lieu plusieurs fois. Nous sommes également très heureux de pouvoir de plus en plus collaborer avec des personnes non montfortaines qui nous soutiennent, tant sur le plan du contenu que dans la mise en œuvre. Malheureusement, ces activités ont été temporairement interrompues en raison des travaux nécessaires d'adaptation du bâtiment. Nous espérons pouvoir les reprendre cette année.

La foi est plus que de simples règles et rituels. C'est une rencontre vivante avec Dieu, venant du cœur. La spontanéité dans la foi signifie vivre avec Dieu de manière authentique, libre et joyeuse. C'est une foi qui s’adapte à la vie quotidienne et qui ne reste pas attachée à des structures rigides. C'est une foi dynamique qui grandit et vit avec les défis que la vie nous présente.

En Limbourg, la foi spontanée peut être vue, par exemple, lors de la Messe de Carnaval. À ce moment-là, des personnes de différentes cultures se rassemblent pour célébrer l'Eucharistie avec une grande joie. L'essence de l'Eucharistie reste la même, mais il y a de la place pour la spontanéité. Les gens portent des vêtements colorés, il y a de la musique, de la danse et même des prières spontanées. Cette célébration est vivante et montre que la foi est plus que des rituels. Elle nous rappelle que la foi ne concerne pas seulement des règles, mais aussi la célébration de l'amour et du salut du Christ, proche de notre vie quotidienne. Le Christ est présent à chaque moment de notre vie, même dans les célébrations les plus joyeuses. L'Église est souvent fortement liée à des structures fixes, mais aujourd'hui, il est important de donner de l’espace aux expressions spontanées de la foi. Le monde change et l'Église doit évoluer. Les croyants désirent une foi vivante qui soit significative pour leur vie quotidienne et qui leur donne l’espace pour exprimer la foi à leur manière. L'Église ne doit pas rester ancrée dans les "anciennes habitudes", mais doit être ouverte à de nouvelles manières de croire. Cela ne signifie pas abandonner la tradition ou la doctrine, mais célébrer la foi de manière à ce qu'elle soit pertinente pour aujourd'hui. Les croyants doivent avoir la liberté d'exprimer leur foi de manière authentique. La spontanéité permet de célébrer notre relation personnelle avec Dieu de manière plus libre et authentique. Elle montre la joie et la liberté que la foi nous donne.