Équipes itinérantes, une forme de mission en Amazonie

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Équipes itinérantes, une forme de mission en Amazonie

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Publié par Luis Miguel Modino dans Equateur · Mercredi 11 Mar 2020
Tags: NUECU627
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Une Église qui vit avec le sac à dos
 Luis Miguel Modino, correspondant au Brésil
18.09.2019

                                               
L’objectif était d’être présent dans les communautés, ce qui était vu comme anormal, que des gens du dehors voulaient être là où la patate chaude brûle.
Dans les équipes itinérantes, une attitude importante est l’écoute, quelque chose qui amène à découvrir « la confiance que le peuple a en nous ».
La réalité des équipes itinérantes n’est pas toujours comprise dans l’Église institutionnelle.
L’itinérance, « n’est pas toujours une voix structurellement acceptée, mais c’est une voix écoutée »  
 
L’itinérance est une réalité présente dans l’Église de l’Amazonie, mais que le Synode pour l’Amazonie, comme exprime l’Instrument de travail veut appuyer dans la vie religieuse, pour qu’en étant « ensemble avec les plus pauvres et les exclus », parvienne à faire de la réalité une « incidence politique pour la transformer ». Dans toute la région les équipes itinérantes sont variées, une d’entre elles est celle des missionnaires montfortains, qui réalise sa mission en Amazonie Équatorienne depuis onze ans.
 
Cette équipe est formée du Père Paco Martinelli (italien) et d’une missionnaire laïque Maritza Flores (péruvienne), qui participe à la coordination partagée de l’Axe des Frontières du réseau Ecclésial Pan d’Amazone – REPAM. Cette missionnaire laïque remercie les Missionnaires Montfortains « qui accueillent la présence féminine et laïque », faisant une vie en équipe, dans laquelle ils se partagent les responsabilités. Ce qui n’a pas été facile au début, mais qui, au fil du temps, porte ses fruits. Nous ne sommes pas une communauté, affirme Maritza, « nous avons une vie partagée », dans la maison, la prière et les activités pastorales, « une expérience très intéressante et enrichissante ».
 
Au début, l’équipe n’avait pas de base. Nous étions accueillis dans les paroisses qui nous invitaient à prêcher une mission. « Notre base était le sac à dos que nous avions, c’était tout ce que nous avions », affirme Paco Martinelli, voulant être un point visible dans les communautés que personne ne visite, spécialement dans le Río Putumayo, victimes de la violence structurelle, militaire, de la guérilla, des paramilitaires et des producteurs de coca. L’objectif était d’être présent dans les communautés, ce qui était vu comme anormal, que des gens du dehors voulaient être là où la patate chaude brûle.
 
Comme le reconnait le religieux montfortain, « toutes ces équipes, ce n’est pas une histoire que nous avons inventée ». En Équateur, Monseigneur Leónidas Proaño avait fortement promu l’itinérance dans son diocèse de Riobamba, où a été une autre équipe itinérante des Montfortains qui a travaillé dix ans au Pérou. L’important est la présence, être avec les indigènes, manger, dormir avec eux.
 
En parlant sur l’Instrument de Travail du Synode, où on demande une pastorale de présence et pas seulement de visite, cela les porte à se questionner, car « cela est un tournant dans l’itinérance, qui est de se maintenir en mouvement », affirme Maritza, car ils ont toujours voulu « être un appui pour les curés, qui sont des institutions stables ». La laïque péruvienne dit que ce qui s’envisage maintenant est « de visiter et de rester plus fixe, un temps plus stable ».
 
Dans les équipes itinérantes, une attitude est l’écoute, quelque chose qui amène à découvrir, selon Martinelli, « la confiance que le peuple a en nous », car au début, dans ces zones où personne ne veut aller, il existe la méfiance, on voit « l’étranger comme un suspect, un dénonciateur ». Pour cela, « être au milieu de ces populations, entrer et être accepté comme faisant partie d’un cheminement, me parait le plus important », souligne le montfortain, ce que l’on a obtenu avec le temps et que ne l’on peut pas perdre.
 
Au début, quand « le sac à dos était notre maison », l’important était d’être, de visiter communauté par communauté » affirme Paco. Mais après, au milieu d’un fort conflit ecclésial, nous nous sommes installés à Sucumbíos pour pouvoir aider au niveau des documents, des territoires. A Sucumbíos, l’organisation des femmes a beaucoup de force, que Maritza considère « la fille adulte de l’Église », car elle est née des communautés chrétiennes et, petit à petit, s’est renforcée. Depuis son travail au Bureau de Droits de l’Homme,  Maritza a établi un lien qui lui donne la possibilité pour mieux connaitre ce secteur.
 
Cela a fait que, « quand il y a des situations de risque cela nous permet d’être un pont », selon la laïque, qui aujourd’hui fait partie du Conseil qui défend les droits de l’Homme et de la nature, du Bureau du défenseur du Peuple d’Équateur, une instance de la société civile, où elle se positionne comme Église, car quelques missionnaires hommes et femmes prétendent « être présence vivante et effective dans la lutte des peuples », affirme Maritza, qui voit cela comme fruit du degré de confiance développée, dans une zone frontière avec la Colombie, où ce qu’ils font « est de porter l’information digne de foi pour qu’ils aient des éléments et puissent à leur tour aussi se défendre », et qu’ils aident quand ils arrivent à Lago Agrio, capitale de la province de Sucumbíos. Avec cela, ils donnent des formations en Droits de l’Homme aux populations, « car celui qui ne connait pas ses droits, ne peut pas les réclamer ». Pour cela, l’objectif est d’être attentif, chercher des voies qui aident à ce que soit visible le problème en vue de pouvoir y répondre.
 
Comme exemple à cela, ils peuvent servir les « Cofán de Sinangoe », un des peuples originaires qui a engagé un procès contre l’État Équatorien, contre le Ministère de l’environnement, contre 52 concessions minières qui contaminaient le fleuve principal de la province et qui les affectaient directement. Ils ont commencé une lutte qui a été suivie par la population de la ville, qui a été consciente du danger commun et a appuyé cette lutte qu’ils ont gagnée, une situation dans laquelle l’Église n’a pas très soutenue. Cependant, l’État n’assume pas la sentence, car il manque la présence d’un médiateur, unique province d’Équateur où cela existe, il est celui qui devrait le garantir.
 
La réalité des équipes itinérantes n’est pas toujours entendue dans l’Église institutionnelle. Le cas échéant, les évêques des Églises de Sucumbíos, Mocoa et Puerto Leguízano ont accepté ensemble le projet, même s’ils ne l’assument pas comme quelque chose qui leur est propre. La même chose arrive dans la vie religieuse, car « des fous, cela est nécessaire d’en avoir, pas beaucoup, mais vous autres vous êtes parmi ces fous », des paroles qu’ils ont entendues par le Secrétariat de la Conférence des Religieux d’Équateur. La même chose est arrivée dans la propre congrégation, nous avons parlé plusieurs fois de l’itinérance, nous avons parlé de défense de l’Amazonie, mais « nous sommes les premiers à avoir peur, à fuir et ne pas y aller, et à laisser seuls, abandonnés, des populations et des territoires complètement isolés », affirme Paco, qui signale que « c’est un mode de parler aujourd’hui du Synode, et nous aussi nous devons en parler, parce que c’est logique ».
 
Pour sa part, Maritza pense que cela dépend des évêques, de leur vision pastorale et ecclésiale, si c’est une structure de paroisse, cela nous amène à nous demander qu’est-ce qui se passe avec les populations plus éloignées et dispersées surtout dans les endroits où il y a peu de prêtres, il y a de évêques qui se préoccupent presqu’exclusivement des paroisses et de l’attention sacramentelle, et l’itinérance bouge généralement où la population est dispersée, l’accès est difficile, « mais pour nous c’est une frontière vivante et que nous devons accompagner », insiste la missionnaire laïque péruvienne, car « c’est à ce que nous appelle l’Évangile ».
 
L’Itinérance, « n’est pas toujours une voix structurellement acceptée, mais c’est une voix écoutée » affirme le Père Martinelli, la comparant à la figure de Jean-Baptiste et sa relation avec Hérode, qui le détestait, mais qui aimait quand il parlait. Pour cela « un des rares éléments que les équipes itinérantes ont, est justement être une voix prophétique, la voix qui crie dans le désert et qui dit les choses aux évêques comment ils sont, sans peur, car ils n’ont rien à perdre », affirme le missionnaire, que quand quelqu’un lui demande qui il est, il leur répond, « je suis un vagabond ». Les évêques doivent discerner les charismes, selon lui, qui vit l’Itinérance comme un charisme, mais qui ne devrait pas être vu comme une structure de plus, quelque chose que devrait se poser au Synode pour l’Amazonie.
 
L’itinérance doit aider les diocèses et les vicariats, pour qu’ils cherchent des gens disponibles pour cela. « Les différents projets itinérants ont été très visibles pour les uns, moins visibles pour les autres, mais toujours vivants », affirme Maritza, qui voit le Synode comme « une opportunité pour que cela se voie et que d’autres personnes, d’autres congrégations, des laïc(que)s, qui avaient pensé à cela, mais ne savaient pas où aller ». Les deux insistent sur la nécessité de se sentir solidaires dans les différentes équipes itinérantes, et que les équipes soient davantage laïques, avec les gens de l’endroit. De fait « plus nous sommes divers, plus l’expérience s’enrichit ”, affirme Maritza, qui insiste sur la nécessité de regards complémentaires, toujours pour aider à ce que le Royaume de Dieu soit une présence vivante.










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