Le Calvaire de Pontchâteau abrite une maison de la renaissance

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Le Calvaire de Pontchâteau abrite une maison de la renaissance

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Publié par Olivia de Fournas dans France · Vendredi 19 Nov 2021
Tags: NUFRA766
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PONTCHÂTEAU, France - Un article tiré de la revue française « Famille Chrétienne » n. 2280 (auteur Olivia de Fournas) présente comment la maison du Sycomore située au Calvaire de Pontchâteau, permet à des personnes psychologiquement blessées de vivre dans un cadre familial et spirituel.
 
Le Sycomore apparaît d'emblée comme une maison non conformiste. À l'extérieur, cet ancien «abri du pèlerin » est habillé d'un enduit fatigué et agrandi disparates résultent de dons. La maisonnée vient d'y élire domicile. La bâtisse est située sur le sanctuaire de Pontchâteau, propriété des Missionnaires montfortains qui animent ce lieu de pèlerinage. Il reste à financer une chambre dite PMR, pour «personne à mobilité réduite » et le Sycomore possédera son visage presque définitif. Dehors, ce lieu unique implanté sur un hectare prend des airs de jardin d'Éden avec son potager, son atelier de menuiserie et ses animaux de la ferme.
 
L'apparence du lieu reflète son esprit atypique. Le Sycomore propose en effet une vie simple partagée entre personnes blessées psychologiquement. Contrairement à d'autres structures de ce type, il n'hésite pas à afficher son caractère confessionnel. Ce choix fort, puisqu'il implique de renoncer aux aides publiques, se marque par des temps de prière et une manière de vivre dans une dépendance assumée à la Providence.
 
À la tête de la maison, Patrick et Hélène Rougevin-Bâville. Avant de s'installer, en septembre 2019, cet ancien éducateur spécialisé travaillait depuis vingt-deux ans aux Apprentis d’Auteuil. Sa femme Hélène, un temps infirmière, était bénévole à la Tilma, association pour jeunes femmes enceintes. Ces parents de sept enfants cherchaient un lieu pour accueillir Louis-Marie, leur neveu, atteint de troubles autistiques qu’ils hébergeaient de temps à autre chez eux, à Vannes, et avec qui ils ont découvert «la joie de l'accueil». La Providence a facilité la tâche des deux quadras sur le chemin de Saint-Jacques en plaçant sous leurs yeux « Le Village Saint Joseph: Et tout devient possible » (Nouvelle Cité), ouvrage dans lequel Katia et Nathanaël évoquent la création du premier Village Saint Joseph, à Plounévez-Quintin (Côtes d'Armor). Après avoir rencontré le couple fondateur, les Rougevin-Bâville visitent la maison de Pontchâteau. Le lieu est situé à quelques mètres d’un calvaire, érigé par saint Louis-Marie Grignion de Montfort... le saint patron de leur neveu. Un signe clair pour ces deux croyants.
 
UNE MAISON OUVERTE À TOUS
 
Les époux vivent désormais avec sept résidents atteints de blessures psychiques. S'y ajoutent Nicodème, leur dernier fils de 10 ans, le séminariste Benoît en stage d'un an, des bénévoles, des consacrés de passage... car la maison est ouverte à tous. Parfois, ils ne connaissent même pas le handicap ou la fragilité dont il est atteint. Pour la personne reçue, habituellement cataloguée bipolaire, dépressive, surmenée ou alcoolique, c'est un soulagement de ne pas être réduite à un mot qui inspire d'emblée la méfiance. D'ailleurs, l'évocation du passé est déconseillée au sein de la maison. «On ne m'a pas demandé mon histoire, ni certificat de baptême, ni carte Vitale, ni vaccin, sinon je ne serais pas resté », affirme Éric. A son arrivée, ce grand gaillard aminci pesait 150 kg et séjournait régulièrement en psychiatrie. Aujourd'hui, «remis en selle » après plusieurs séjours, ce père de famille vient de s'installer en colocation, à quelques encablures de Pontchâteau. Il reste très lié à la maison, où il travaille régulièrement à l'atelier menuiserie. Éric n'est pas le seul ancien résident à garder des attaches. Le Polonais Arek, arrivé en France à 23 ans, est arrivé «malade alcoolique » au Village Saint Joseph de Plounévez-Quintin. Pendant huit mois, ce touche-à-tout rénove la maison avant qu'on lui propose de devenir salarié. Quatre ans plus tard, en 2016, il a monté sa propre entreprise de bâtiment, et ne touche plus une goutte d'alcool depuis dix ans. C'est notamment lui qui gère les travaux du Sycomore. « La présence des personnes, la prière et le travail font des miracles», affirme l'artisan. Avec le bouche-à-oreille et la multiplication des maisons du Village Saint Joseph en France, une vingtaine de personnes par mois sollicitent une chambre au Sycomore. Mais les Rougevin-Bâville refusent d’instituer une liste d'attente. L'Esprit Saint fait bien les choses, de l'aveu de Patrick. Quand une place se libère, une semaine de découverte pour celui qui souhaite venir au Sycomore permet aux deux parties de vérifier si elles peuvent coexister.
 
AUCUN OBJECTIF N'EST AFFICHÉ
 
Hélène souligne que la vie fraternelle parfois les épuise, mais aucune rencontre ne les rebute. En les menant au bout d'eux-mêmes, elle les émonde et les rend plus à l'écoute. Elle élargit leur ceur, comme Zachée, le personnage biblique qui monta sur un sycomore pour apercevoir Jésus, avant de se laisser toucher. Le travail, dévolu à la collectivité, s'étend sur trois heures le matin et autant l'après-midi. Il consiste à créer des mosaïques et des objets en bois (en ce moment, un ambon pour le choeur de la chapelle) pour le marché de Noël, préparer le repas, et surtout s'occuper du jardin qui assure subsistance à la maisonnée. Louis-Marie, avec ses troubles autistiques, participe dans la mesure de ses moyens, en plaçant les chaises sur la table pour passer le balai, par exemple. Aucun objectif n'est affiché. «Efficacité» ou « compétences» sont des mots que Patrick prononce du bout des lèvres, comme s'ils étaient minés. Car un séjour au Sycomore ne vise pas une réin- sertion sociale ou professionnelle, mais le déploiement d'un quotidien en harmonie avec la Création, instant après instant. « Jean et Marie, au pied de la croix, ne faisaient pas autre chose », insistent les deux oblats de la Communauté Saint-Jean. C'est cette vie sans autre but que celui de servir Dieu simplement, dans l'humble arrosage d'un jardin, l'épluchage des pommes ou le travail du bois, qui pourra redonner confiance et joie aux résidents. Dans la grande salle des mosaïques, lorsque les fragments colorés sont choisis, cassés, collés sur un support et le joint posé, l'artisan en herbe a aussi reconstruit sa dignité. Peu à peu, il s'entraîne à contempler la terre selon le rythme des saisons. Il vit ainsi selon “Laudato si”, dont Patrick étudie le sens profond, indexé sur la place centrale de l'homme: « On peut vivre intensément avec peu, surtout quand on est capable d'apprécier d'autres plaisirs et qu'on trouve satisfaction dans les rencontres fraternelles, dans le service» (n° 243). Les résidents apprennent également à vivre l'instant présent, et installent ainsi leur guérison dans le temps long. Ceux qui ne parviennent pas à se couler dans ce rythme saisonnier choisissent souvent de partir. Arek est convaincu que compter seulement sur ses forces est vain. Il témoigne avoir trouvé du travail au moment où il s'est abandonné au bon vouloir de Dieu. «Si tu veux faire rigoler le Bon Dieu, parle-Lui de tes projets », lâche-t-il en guise d'explication, même si ce gros travailleur ne néglige pas sa part. Pour lui, les projets appartiennent au monde des pressés qu'il regarde avec un petit sourire et beaucoup de miséricorde. L'avenir n'est plus une préoccupation.
 
«JE PARTIRAI QUAND LE MOMENT SERA VENU »
 
Les Rougevin-Bâville ignorent pour combien de temps ils sont au Sycomore, leurs protégés aussi. «Je partirai quand le moment sera venu», affirme Gaëtan, un résident, lorsqu'on lui pose la question. Il faut dire que Patrick et Hélène montrent l'exemple. Il y a quelques mois, le chantier s'est arrêté faute d'argent. Ils ont alors prié saint Joseph en engageant une neuvaine. Bilan: un marcheur est venu sonner un soir, réclamant asile. «Voilà la réponse magistrale du saint!, sourit Patrick. On vient lui demander de l'argent, il nous donne un résident!» Pour le responsable de maison, le message est clair: occupez-vous des pauvres, Dieu s'occupera du reste. Le chèque de parents d'un ancien membre du Village est d'ailleurs arrivé peu après. Vivre sans s'inquiéter du lendemain leur permet de concentrer leur attention sur l'essentiel: Dieu. À moins que ce ne soit le contraire?
 
Sa présence ici, Patrick en est certain, s’enracine dans la prière fidèle du matin. L'ancienne buvette transformée en chapelle, où vient juste d'être posé un vitrail choisi avec soin, est l'écrin de leur vie fraternelle. Adoration, chapelet et messe contribuent également à faire des habitants les êtres «enracinés et reconnaissants envers Dieu» qu'appelle Patrick de ses vœux. La présence au sanctuaire de cinq missionnaires montfortains, deux Frères de Saint-Gabriel et des religieuses Filles de la Sagesse, permet de développer la vie de foi. Le Père Santino passe régulièrement et une religieuse accompagne Dorothée, une résidente qui a demandé le baptême. « Chacun apprend à se laisser aimer, puis à consentir à sa réalité, en espérant un jour savoir reconnaître qu'elle est même une grâce», espère Patrick. Ce chemin d'acceptation est l'œuvre d'une vie, sur le pèlerinage plein d'embuscades que les résidents doivent encore parcourir. Le Sycomore espère simplement être une halte, un «abri du pèlerin » sur leur route vers le Royaume.
 
 
Olivia de Fournas









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