Un Cœur, Plusieurs Visages

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Un Cœur, Plusieurs Visages

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Publié par Dolaa DHANUSH dans Rome · Lundi 15 Mai 2023
Tags: NUGEN1021
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ROME – Il est un peu surprenant que le nom complet du Supérieur Général des Missionnaires de la Compagnie de Marie qui vient d'être élu, le 9 mai dernier, se décline en cinq mots : Yoseph Putra Dwi Darma Watun. Mais le nom du Fondateur de cette Société Missionnaire ne se compose-t-il pas lui aussi de cinq mots : Louis Marie Grignion de Montfort, d'après son nom relevé dans son Testament et sur une de ses épitaphes, à savoir celle qui est écrite en latin ? La similitude du nombre de mots dans ces noms est une coïncidence. C'est clair. Cependant, un nom contient souvent une signification. Prêtons-y attention !
 
Louis Grignion est le nom originel de notre Missionnaire Apostolique tel qu'il est écrit sur son certificat de baptême. Actuellement nous connaissons Montfort sous le nom complet décrit ci-dessus et cela a plusieurs explications. La première est que sa composition constitue fondamentalement les étapes importantes de sa vie en Christ. « Louis » vient du nom de Saint Louis, roi de France qui vécut au XIIIe siècle ; or il se trouve que c’était aussi le nom de son parrain, le médecin Louis Hubert, qui assista à sa naissance le 31 janvier 1673. Le nom de « Marie », selon Grandet, a été ajouté par Louis Grignion lui-même lorsqu'il a reçu la Confirmation. Le nom « De Montfort » qu'il ajoutera lui-même plus tard pour rappeler le village, est aujourd'hui la ville où il est né et surtout a été baptisé : Montfort-sur-Meu.
 
Cependant, il existe une autre signification qui est plutôt interculturelle, et qui est connue à propos de son nom de famille : « Grignion ». Le nom Grignion n'est pas d'origine bretonne, c'est un nom étranger là-bas. Marcel Sibold révèle dans ses recherches que le nom Grignion vient de Loudun, en Poitou. Charles Grignion fut le premier de la famille Grignion à émigrer à Montfort-sur-Meu en 1604, après avoir quitté les huguenots et s'être converti au catholicisme. Son père à Loudun était Denis Grignion, «marchand boucher, calviniste». Ce Charles était le père d'Eustache Grignion qui, entre autres, devint maire de Montfort-sur-Meu ce qui fit de Grignion un nom de famille bourgeois et respecté. Eustache est le père de Jean-Baptiste Grignion qui est le père de Louis Grignion. Louis Grignion était donc la quatrième génération de la Famille Grignion en Bretagne (cf. M. Sibold, Le Sang des Grignion, vol. 1, 182).
 
De plus, ce métissage s'inscrit dans le caractère de Louis Grignion. Ceci est confirmé par le fait que sa mère, Jeanne-Robert de la Vizeulle, est originaire d'une grande ville qui fut et est encore la capitale de la Région Bretagne : Rennes ; elle est issue d'une famille bourgeoise très respectée. Ainsi, durant toute sa vie missionnaire, Louis Grignion n'a eu aucune difficulté à travailler au village ou à la ville, à l’aise dans tous les milieux, cherchant toujours la périphérie géographique et existentielle de la vie des gens… Il pouvait facilement se déplacer d’une ville à l’autre : Paris, Nantes, Poitiers, Rome, Luçon, La Rochelle, Rouen, Angers... il avançait « sans empêchement ni entrave, selon l'inspiration de l'Esprit » (PE 9). Ce caractère interculturel donne aussi l'impression qu'il peut facilement entrer en relation avec les riches et les pauvres gens, « tiers état ou nobles », au point même d'entrer en relation audacieuse avec Mme de Montespan ou le pape Clément XI. La capacité de Louis à s'entendre avec de nouvelles personnes, même dans un lieu étranger, suppose en lui une ouverture au dialogue et une capacité à écouter les autres. Cette mentalité interculturelle lui permet de travailler de concert avec une équipe missionnaire ce qui suscite une implication et une communion dans diverses œuvres missionnaires, en particulier, il faut le mentionner spécifiquement, avec les laïcs.
 
Alors, qu'en est-il du Père Dwi qui vient d'être élu Supérieur Général de la Compagnie missionnaire que Saint Louis-Marie a fondée ? Son nom en cinq mots montre clairement qu'il est à la croisée des diverses influences.
 
Son père est originaire de Nusa Tenggara Est, en Indonésie centrale. Sa mère est originaire de Java centrale, dans l'ouest de l'Indonésie. Mais Père Dwi est né dans la capitale nationale, Jakarta. De son père, il a reçu, entre autres, un caractère joyeux et artistique. Son père, M. Rafael Watun, est le compositeur du « Cantique Monfortain » qui est toujours chanté par les Montfortains en Indonésie. De sa mère, il a hérité, entre autres, de la tendresse et de la sensibilité aux autres. Ce couple très religieux et humble voulait que le prénom de leur fils porte les noms dérivés du sanskrit : « Putra » (fils), « Dwi » (deux, car Père Dwi est le deuxième enfant) et « Darma » (piété, dédication). À noter que le sanskrit est une ancienne langue indienne qui existait des siècles avant Jésus-Christ. Cette langue a eu une influence majeure en Indonésie, entre autres, à travers les royaumes bouddhistes et hindous au Moyen Âge et encore aujourd'hui. Les confrères en Inde n'auront aucun mal à prononcer le nom de ce Supérieur Général nouvellement élu car son nom, comme sa personne, est interculturel.
 
« Interculturalité » est l'un des mots fréquemment utilisés dans le Chapitre Général des Missionnaires Montfortain en cours. Ce thème qui préoccupe depuis longtemps l'UISG (Union Internationale des Supérieures Générales) est considéré comme la direction à suivre pour cette Compagnie en vue de son existence missionnaire dans l'Église et dans le monde. L'interculturalité demande aux membres de cette Société d'avoir des capacités relationnelles qui traversent les frontières, d'être ouverts aux différences dans un esprit d'écoute mutuelle pour travailler ensemble, fraternellement, en véritables témoins de la Bonne Nouvelle. Les menaces à l'interculturalité, telles que l'individualisme, la fermeture, l'incapacité de pardonner et la coercition doivent être éliminées. Ce chemin interculturel est très en harmonie avec l'esprit synodal qui caractérise aussi les membres de cette Compagnie qui marchent ensemble sur les traces des pauvres Apôtres. L'interculturalité est un signe certain d'espérance de l'existence missionnaire de cette Compagnie. Elle incite ses membres à s’unir dans la diversité, et même si les visages sont différents, un même cœur bat à l’unisson.
 
 
Dolaa DHANUSH









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