Formateur dans la Délégation Générale de l'Afrique Francophone
Le Père David GIAPUNDA, congolais, après avoir terminé sa spécialisation en théologie spirituelle branche formation à la PUG de Rome, est rentré dans son Entité d'origine, la DGAF. Nous l'avons interviewé sur ses études et son actuelle mission de formateur.
En quoi consistait cette formation de formateurs que tu as suivi à Rome ?
Le programme de licence de deux ans en théologie spirituelle avec spécialisation en formation des formateurs au sacerdoce et à la vie consacrée consistait en l'intégration entre la formation intellectuelle-académique et la formation humaine-spirituelle-pastorale. La formation visait à aider les futurs formateurs à acquérir une compétence éducative plus précise dans l'accomplissement de leur tâche de discerner et d'accompagner les futurs prêtres et/ou religieux/religieuses.
Le programme offre dans son interdisciplinarité 21 cours, 4 séminaires et un travail des recherches. Les disciplines s’appuient principalement sur le dialogue entre théologie, spiritualité, psychologie-anthropologie vocationnelle et droit canonique. Les cours sont plus pratiques que théoriques parce qu’ils abordent le discernement et l’accompagnement des situations hypothétiques élaborées par des enseignants. C’est pourquoi au début de l’année, les étudiants sont divisés en groupes de 8 à 10 et le nombre d’inscrits en première licence ne dépasse pas 50 étudiants.
En outre, il y a une dizaine d’exercices pratiques dont les visites des séminaires qui sont à Rome, des rencontres d’échanges avec la Congrégation pour l’Education catholique, la Congrégation pour les Instituts de Vie Consacrée et Sociétés de vie apostolique, la Congrégation pour l’évangélisation des peuples, la Congrégation pour la Doctrine de la foi, etc. La spécificité de la formation à la Grégorienne consiste surtout en la proposition faite au futur formateur d’un cadre de travail individuel sur sa personne sous la direction d’un accompagnateur pour une durée de 6 mois ou plus (ce qu’on appelle « colloques de discernement et croissance vocationnelle ») et une thérapie du groupe ou dynamique du groupe d’entre 7 à 10 candidats animé par deux psychologues différents de notre accompagnateur. Le souci, ici, comme dirait Benito Goya, « un guide alpiniste, avant de pouvoir guider les autres jusqu'au sommet de la montagne, il doit avoir déjà parcouru de nombreux chemins », c'est-à-dire qu'il doit avoir effectué un profond travail sur la connaissance de soi.
Sur quels aspects de la formation as-tu particulièrement travaillé et sur lesquels dois-tu encore travailler ?
Dans le cadre de mes recherches, j’ai travaillé sur le discernement vocationnel et la direction spirituelle dans la « formation initiale ». In concreto, j’ai cherché comment aider la personne en formation dans la connaissance de soi et dans l'intégration de toutes les dimensions de la personnalité; comment créer un climat de confiance mutuelle; comment profiter au maximum du dialogue périodique et du temps communautaire; comment lier motivation et exigence, respect de la liberté et exigence de l’institution; comment lire l'influence possible des antécédents personnels et familiaux (présence de maladie, conflits, résistances à l'Esprit, etc) dans la vie spirituelle de la personne en formation pour répondre à l’appel à la sainteté. Les aspects sur lesquels je dois travailler sont entre autres : en général, voir si la fréquentation de la Direction spirituelle relève d’une motivation naturelle ou d’une obligation ; cueillir les peurs que susciterait la pratique de la Direction spirituelle ; et ainsi à partir des divers éléments d’enquête, chercher à améliorer l’accès à cette relation d’aide incontournable pour la croissance humaine et spirituelle de la personne à la suite du Christ. En particulier, comment former le jeune sur les pas de Montfort à s’approprier les moyens que propose l’Eglise pour nourrir la relation avec le Christ et faire du discernement un style de vie à la Montfort.
Sur quels points, selon toi, doit insister la formation permanente du formateur ?
Aujourd’hui, avec le nouveau paradigme de maturation de formation qui consiste à penser la formation comme un chemin de transformation sans fin, la formation permanente du formateur doit insister, j’ose croire, sur la « docibilitas », - apprendre à apprendre à croitre personnellement dans la vie spirituelle, humaine, intellectuelle et pastorale. Il est nécessaire, pour paraphraser Vita consecrata 65, d’offrir des opportunités de croissance au formateur dans l'adhésion au charisme et à la mission de l’Institut. Il y a également nécessité de se laisser transformer par le Seigneur en assimilant ses sentiments tout au long de la vie, comme dit la Ratio Formationis monfortana, volume II, en s’appropriant les moyens classiques que nous offre l’Eglise (Cf. Formationis monfortana, volume II, « Moyens de formation »). Le formateur doit avoir un superviseur qui peut être aussi son directeur spirituel pour lui permettre d’entrer en contact avec son intériorité. Des rencontres d’échanges entre formateurs sont aussi un cadre de formation.
Quelles suggestions à la Congrégation et à ton l'Entité peux-tu faire pour donner une plus grande impulsion à la Formation des Formateurs ?
Sans prétention aucune, je suggère et j’appelle de tous mes vœux les supérieurs majeurs à offrir une préparation spécifique à ceux qui sont appelés à vivre la mission de formateur. Aujourd’hui les experts s’accordent à dire qu’« Il serait certainement injuste de rejeter toute la responsabilité des crises et des défections sur la conscience des formateurs…les crises, sans préjudice du mystère des responsabilités personnelles, dépendent beaucoup de la maturité humaine et surnaturelle des formateurs … et de la pertinence de leurs méthodes et contenus de formation ». Il est inutile d'opposer grâce et nature, contenu et méthode qui en eux-mêmes sont inséparables. Considérer principalement le côté spirituel ou théologique au détriment de la méthode pratique (surtout la psychologie) qui renseigne sur comment l’homme fonctionne porte beaucoup de risques.
La méthode dans la formation permet « que l’action de la grâce au centre de toute vocation soit aussi adéquate que possible au service à rendre ». L'attention dans la formation devant porter sur le "sujet appelé", l'apport de la formation spécifique aide à mettre en évidence lumières et ombres, forces et faiblesses, maturité et immaturité du candidat dans l'exercice de sa propre liberté, plus ou moins limitée pour répondre à l'appel de Dieu. Former, c’est être capable de discerner sa situation personnelle, mais aussi savoir discerner ce qui ne va pas chez l'autre et l'aider à s'en débarrasser ou accepter sa situation. L’avantage d’une formation spécifique est celui de faire de la formation une expérience savourée avant de devenir l’exercice d’un ministère, insiste A. Cencini. Le besoin de formateurs dans la DGAF est plus pressant. Il faudrait dépenser pour avoir des formateurs.
Dans ta première année en tant que formateur dans ton Entité de la DGAF quelles sont les joies et le peines de cette nouvelle mission ?
Mes joies : je découvre de plus en plus que la vie d’un jeune est comme « un buisson ardent dont il faut s'approcher en enlevant ses chaussures et en restant à distance sans prétention devant "cette terre sainte" ». Le ministère de l'accompagnement des jeunes est aussi un chemin de croissance pour qui l’exerce honnêtement. Former l’autre est comme une expérience contemporaine de la formation de soi-même. J’ai résolu de partager ma petite connaissance avec l’équipe de formation, je me réjouis que des confrères ont avoué que depuis mon arrivée ils regardent les jeunes autrement. Mes peines : nous exigeons beaucoup des jeunes mais nous ne les mettons pas toujours dans les conditions qu’il faut. On vit dans une communauté d’une vingtaine de personnes mais sans aucun véhicule ! Faire fonctionner une école dans une maison de formation a un coût qui va outre l’argent dont nous avons besoin pour l’autofinancement.
SMM Communications
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commentaires
geslin
Samedi 26 Mar 2022
David,
Nous sommes heureux d'accueillir ces nouvelles.
Nous ne vous oublions pas.
En union avec vous,
Joëlle et Michel Geslin - Montfort sur Meu
Nous sommes heureux d'accueillir ces nouvelles.
Nous ne vous oublions pas.
En union avec vous,
Joëlle et Michel Geslin - Montfort sur Meu
PIERRETTE BWAMBA
Samedi 26 Mar 2022
Bonjour Père David,
J'apprécie ton partage d'expérience en tant que formateur en RDC.
Ton regard sur la formation me semble juste. Bon courage
J'apprécie ton partage d'expérience en tant que formateur en RDC.
Ton regard sur la formation me semble juste. Bon courage