Une vocation française en Famille Montfortaine
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PONTCHATEAU, France – Le 15 janvier Sr. Christine PICHERY a prononcé ses voeux perpétuels dans la Congrégation des Filles de la Sagesse en Église de Pontchâteau. La Messe a été célébrée par Mgr. Laurent PERCEROU, évêque de Nantes. Sœur Christine est française et travaille comme permanente de pastorale au collège Saint Martin de Pontchâteau. Elle vit avec trois autres sœurs au Calvaire de Pontchâteau. Nous l’avons interviewée sur sa vocation et sa mission.
Le jour de ta Profession religieuse quelqu’un disait: « Aujourd’hui on va assister à un miracle : l’engagement d’une jeune sœur française. Pourquoi – d’après toi - ce choix de vie est si rare ??
Effectivement, s’engager définitivement dans la vie consacrée devient « rarissime » en France. De par ma mission Pastorale auprès des jeunes, je constate que notre pays se déchristianise. Nos jeunes, n’ont plus de références chrétiennes et la transmission de la foi n’est quasiment plus assurée par les parents ou grands-parents comme cela se faisait de mon temps. Et pourtant à en croire les statistiques, il n’y a jamais eu autant de cathéchumènes ces dernières années. La vie religieuse trouvera t’elle en ces personnes de futur-e-s consacrée-e-s ?
Dans l'opéra de Poulenc « Les Dialogues des Carmélites », il y a la prieure qui dit à une jeune femme qui souhaite entrer au couvent : « Ce que Dieu veut, ce n'est pas prouver ta force, mais ta faiblesse ». Comment reçois-tu cette phrase ?
Je me retrouve tellement dans cette Parole. Pour ma part, j’ai été bousculée par ce verset Biblique en Marc 10,49 « Confiance lève-toi, il t’appelle ». Oui, le Seigneur vient me rejoindre au milieu de mes faiblesses, de mes fragilités, de ma vulnérabilité, et dans sa générosité Il me donne la force de me relever, de poursuivre avec Lui mon chemin de vie. Je tomberai une fois, deux fois, dix fois…mais je sais que Dieu sera toujours à mes côtés car si « les hommes regardent l’apparence, le Seigneur regarde le cœur. » (1S 16,7) et Il n’appelle pas les meilleurs pour sa mission mais rend meilleurs ceux qu’Il appelle.
Partage-nous de l’originalité de ton apport à la pastorale missionnaire.
Être missionnaire dans le monde d’aujourd’hui (comme celui d’hier), c’est avoir l’audace de porter des projets dans un avenir incertain. Que sera la vie religieuse dans 10 ans, 20 ans en Europe et dans le monde ? Nul ne le sait. En revanche, Le Seigneur me demande d’être chaque jour attentive au monde qui m’entoure et de guetter les signes des temps comme le faisaient Monfort et Marie-Louise de Jésus. Ainsi, je peux me saisir des évènements pour qu’ils soient source de vie en moi et pour les autres. Dans ma mission, cela se traduit par l’accueil et l’écoute des jeunes que je côtoie (en particulier les plus fragiles). Partir des jeunes, de ce qu’ils sont, prendre le temps de les écouter, de les accompagner de leur permettre de rencontrer le Christ. Sur le site du Calvaire de Pontchâteau, c’est aussi proposer des temps de ressourcement créatifs adaptés aux jeunes. Dans la communauté intergénérationnelle où je vis, c’est veiller au respect de chacune de mes sœurs et oser apporter ma touche de jeunesse.
Être missionnaire aujourd’hui c’est être le jardinier de Dieu qui prend le temps de veiller sur les « jeunes pousses » et qui quelques temps plus tard est dans l’action de grâce des merveilles que le Seigneur a accompli en elles et souvent ce « travail » nous échappe.
Un mot sur le projet missionnaire de Pontchâteau en Famille Montfortaine.
Depuis quelques mois, nous réfléchissons à l’avenir du Sanctuaire qui est appelé à être l’un des Pôles rayonnants du diocèse de Nantes. Je collabore avec de jeunes laïcs engagés, un missionnaire Montfortain de l’Indonésie, un Frère de Saint Gabriel du Sénégal et la déléguée épiscopale sur le pôle « jeunesse ». J’aime comparer notre travail de réflexion à une ruche. Nous sommes comme ces abeilles qui bourdonnent. Notre équipe est motivée et contribue à la construction d’un projet qui nous dépasse mais avec le désir d’œuvrer, réfléchir et mettre nos idées en commun. Notre travail se veut synodal et nous nous laissons interpeler sur la jeunesse de ce monde, ses désirs, ses rêves. Ensemble nous regardons comment nous pouvons répondre en Famille Montfortaine élargie.
Nous nous autorisons à rêver de projets dont certains sont réalisables et d’autres demandent encore à mûrir. Notre créativité « sans limite » laisse place à beaucoup d’espérance dans ce que nous proposerons dans les prochains mois. Notre désir est de rejoindre les jeunes de ce monde en particulier les plus fragiles en leur offrant des temps de louanges, de prières diverses, de gratitude et de sensibilisation à la création mais aussi leur transmettre nos racines spirituelles Montfortaines.
Dans sa Lettre pastorale l’évêque de Nantes lance aux communautés religieuses trois appels : demeurer pour l’Église des témoins de l’Espérance, des artisans de la rencontre et des compagnons de l’homme blessé. Comment es-tu en train de répondre à cet appel ?
Ma mission Pastorale auprès des plus jeunes est ce « signe d’espérance, d’artisans de la rencontre et cette rencontre des compagnons de l’homme blessé » qui se veut concrète lorsqu’au hasard d’une discussion, je transmets les valeurs chrétiennes que j’ai moi-même reçue. Je réponds aussi à ce triple appel lorsque je prends le temps d’écouter dans la simplicité et la bienveillance paroissiens et collègues qui recherchent une oreille attentive. Accueillir ces morceaux de vie, les porter dans la prière et glisser quelques mots « inspirés » à ceux que je rencontre telle est ma réponse à l’appel de Monseigneur PERCEROU.
Lors de l’année de la Vie consacrée tu t’es lancée avec d’autres jeunes religieux et religieuse sur les routes de la Vendée en t’arrêtant sur les places de village en vieille 2CV Citroën pour rencontrer des gens. Quel était le but ? Qu’est qui tu en tires de cette expérience ?
« Le Dodoche Tour » : quelle belle aventure ! Ce projet vocationnel avait pour but de rendre visible la vie consacrée de manière originale. Les 2CV faisaient références à nos sœurs infirmières qui utilisaient ce moyen de locomotion pour se déplacer. Une belle expérience qui a dépassé nos attentes et nous a permis de toucher un public parfois éloigné de l’église. Ces rencontres et le quiz proposés ont permis de faire tomber beaucoup de clichés sur la vie religieuse. Consacrées au seigneur, certes, mais dans la vie !
On dit toujours que « le renouveau passe par la formation ». Es-tu d’accord ? Dans quel sens ?
Effectivement, dans notre société sans cesse en mouvement et qui évolue à vitesse grand V, il me semble indispensable de se former continuellement. Personnellement, je peux mesurer les bienfaits des différentes formations que j’ai suivie dans ma manière de penser, d’agir, d’entrer en relation, de me remettre en question. Jésus lui-même passait son temps à former les disciples et la foule qui le suivait. Certes, ces enseignements et la formation dont je bénéficie me bousculent, mais encore une fois, elles me permettent de mieux comprendre, m’adapter et intégrer ses connaissances dans le monde dans lequel je vis.
En t’adressant aux missionnaires, notamment ceux qui sont engagés aujourd’hui en Europe, qu’est que tu aurais envie de dire ?
« Garder l’espérance et la flamme de notre premier appel » On peut être tenté par le découragement, fatigués par les nombreuses crises que traversent notre Maison Commune (réchauffement climatique, violences en tout genre, inflation, déficit des vocations…) qui viennent entamer notre vitalité spirituelle.
Aurions-nous oublié ces belles paroles de Saint-Paul ? : « Qui pourra nous séparer de l’amour du Christ ? la détresse ? l’angoisse ? la persécution ? la faim ? le dénuement ? le danger ? le glaive ?…J’en ai la certitude : ni la mort ni la vie, ni les anges ni les Principautés célestes, ni le présent ni l’avenir, ni les Puissances, ni les hauteurs, ni les abîmes, ni aucune autre créature, rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu qui est dans le Christ Jésus notre Seigneur. » (Rom 8:35-39). Ce Christ qui n’a cessé de nous dire qu’Il est avec nous jusqu’à la fin des temps. Y croyons-nous ? est-il encore pour nous signe d’espérance ?
20 années me séparent de la dernière Fille de la Sagesse qui a fait profession perpétuelle avant moi. Peut-être autant sur celle qui est actuellement en formation initiale…mais, j’en suis certaine, le Seigneur veille sur notre Congrégation tout comme il veille sur celle des Missionnaires Montfortains : « Rassurez-vous sur le sort de votre communauté, le bras de Dieu n’est pas raccourci et, comme les instituts de M. de Montfort sont des œuvres de Dieu, il est intéressé à les soutenir et à les conserver, et il ne nous abandonnera jamais tandis que nous lui serons fidèles » (Lettre 22, Marie-Louise de Jésus).
Marco PASINATO, SMM
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commentaire
Lodofikus Ndona SMM
Lundi 20 Fév 2023
C'est une bonne nouvelle pour la congrégation de la Fille de la Sagesse et la famille Montfortaine. Que Dieu vous bénisse et vous garde, et St. Montfort et la Bienheureuse Marie Louise de Jésus vous aident par leurs prières du ciel.